Manifestation incontournable et fortement attendue par le public, le Salon national de l’automobile d’Alger est devenu une destination très prisée des Algériens avides de véhicules neufs et de découverte de nouveautés.
L’engouement des Algériens, au Palais des expositions de la Safex, est assuré pour cette manifestation dès lors qu’on comptabilise jusqu’à 500 000 entrées pour ce genre d’événement, le deuxième, faut-il le préciser, après la Foire internationale d’Alger. Depuis quelques années, le Salon de l’automobile d’Alger est devenu un lieu où des nouveautés en deuxième mondiale, des «concept cars» et des véhicules hybrides et électriques sont dévoilés au grand public. «C’est la manifestation la plus dynamique en termes de nouveautés et de deuxièmes mondiales dans la région», dit Sofiane Hasnaoui, patron de Nissan et vice-président du groupe Hasnaoui.
Mais qu’est-ce qui explique cet engouement de l’Algérien pour les quatre roues alors que d’autres marchés «développés» accusent des déficits de près de 50%, comme c’est le cas de certains pays d’Europe ? En dépit de la suppression du crédit automobile, des taxes sur les véhicules neufs introduites en 2009, de la TVA et autres taxes à la charge évidente du client final, des délais de livraison de 3 à 6 mois (au lieu des 45 jours qu’impose la réglementation), le marché national de l’automobile a enregistré, en 2011, une évolution de 32,1% comparativement à l’exercice 2010, dépassant la barre des 300 000 unités.
DEUX VOITURES PAR FAMILLE
Ces chiffres classent notre marché dans la catégorie des plus rentables à travers le monde en termes d’évolution. Pour les concessionnaires et autres spécialistes de l’automobile, l’évolution du marché en 2011 s’explique par le besoin pressant du client algérien : «De nouvelles habitudes sont en train de se former dans la famille algérienne. Au lieu d’un seul véhicule, le couple avec ou sans enfant opte pour un deuxième véhicule afin de garantir l’autonomie de chacun des époux.» Pour notre vis-à-vis, la femme préfère être autonome et posséder son propre véhicule, «elle veut être indépendante, libre. Elle ne veut pas dépendre de son mari pour aller au boulot ou chez la coiffeuse. En plus, elle veut éviter les transports en commun du secteur privé où elle se sent mal à l’aise».
Les véhicules dont le prix varie entre 1 million et 1,3 million de dinars ont la cote ; ils représentent 40% du marché alors que ceux dépassant les 2 millions de dinars totalisent à peine 1 à 2% des ventes. L’introduction, depuis un certains temps, du crédit fournisseur devrait inciter d’autres ménages à acquérir un véhicule dans le cadre de cette formule. «Il existe des Algériens qui n’ont pas assez de ressources pour acheter un véhicule ; ils vont s’endetter auprès de la famille et des cousins pour gagner leur liberté. Le véhicule est quasiment devenu une question ‘‘d’honneur’’ auprès des voisins et de la famille. Les récentes augmentations de salaires dans le secteur public ont fortement favorisé cette donne», explique un concessionnaire. Pour cet autre, il existe «une demande structurelle du marché de l’automobile.
L’ouverture de l’autoroute Est-Ouest a contribué à l’augmentation de la demande ainsi que la décision des pouvoirs publics de soutenir le développement de la micro-entreprise via les dispositifs Ansej et CNAC». Des centaines de milliers de factures proforma ont été distribuées à la faveur de cette décision, qui a permis à des milliers de jeunes d’acquérir un véhicule utilitaire et se lancer ainsi dans une activité professionnelle.
Le secteur des utilitaires a enregistré une augmentation de 30% en 2011, selon le président par intérim de l’AC2A. Un organisme qui compte peser de tout son poids pour l’émergence de sous-traitants et d’équipementiers dans le but de lancer l’industrie automobile en Algérie. Mais cela, c’est un autre débat.
Nadir Kerri
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